Une race patrimoniale : Le cheval canadien

Votre capsule historique hebdomadaire : Le cheval canadien !

Peu connu des Québécois, mais tellement important pour notre histoire, le cheval canadien est une figure emblématique du Québec et du Canada. Il est, comme la vache canadienne, un acteur important de l’implantation française en Amérique. À l’image du peuple québécois, il a grandi sur le territoire, s’est adapté, mais aussi a essaimé afin de donner une postérité beaucoup plus grande que nous pourrions croire. Avec cette dernière histoire des animaux patrimoniaux du Québec, c’est tout un pan méconnu de notre histoire que nous allons aborder.

Le cheval au temps de la colonie française

Le 16 juillet 1665, le premier contingent de chevaux arrive à Québec. On y trouve deux étalons et douze juments. Ces chevaux issus du haras royal de Louis XIV proviennent des lignées de Bretagne et de Normandie et sont envoyés à Québec afin de constituer le haras royal de Québec. De 1667 à 1670, près de 80 bêtes arrivent à Québec. Les premiers chevaux sont remis aux communautés religieuses et aux dirigeants, mais la bonne adaptation fait que rapidement le haras royal de Québec est capable à lui seul de fournir aux besoins de la colonie. Ainsi, le Gouvernement de Québec peut remettre à des agriculteurs des chevaux qui resteront la propriété du roi pendant 3 ans. Ce sont donc les 80 chevaux arrivés entre 1665 et 1670 qui constitueront les ancêtres de la race canadienne. Lors de la Conquête et de la signature du Traité de Paris, plus de 14 000 chevaux canadiens sont présents dans la colonie. Vingt-et-un ans plus tard, leur nombre avait augmenté de 10 000 individus. Il est si important qu’il est le principal cheval représenté dans les peintures de Kornelius Krieghoff.

tableau de Cornelius Kreighoff

Cornelius Krieghoff, L’auberge du Cheval blanc au clair de lune, 1851. Huile sur toile, 101.1 x 124.7 cm, Musée des beaux‑arts du Canada, Ottawa. Photo: MBAC

Pendant toute la période française, la race canadienne qui se développe va acquérir ses principales caractéristiques : le climat rude ne permet la survie que des plus forts ; la génétique amène un léger rétrécissement de sa taille (15 mains au garrot, soit près de 1,5 m). Cependant, ses plus importantes caractéristiques qui lui ont permis de s’acclimater au territoire sont ses jambes solides et la largeur de ses sabots et de son poitrail. Il peut donc labourer la terre au début du printemps, transporter du bois et des personnes. Frugal, il ne ruine pas son propriétaire en nourriture. Il peut aussi faire un excellent cheval d’équitation. Peut-être certains descendants ont-ils participé, au cours des années 1970 au concours équestre du Bois de Coulonge !

Menace de disparition

Avec la fin du XIX e siècle, le cheptel de chevaux de race canadienne se mit rapidement à décliner. De nombreux chevaux avaient été exportés aux États-Unis et furent utilisés par les armées nordistes lors de la Guerre de Sécession. Si la croissance fut forte lors du Régime français, et jusqu’au milieu du XIX e siècle, le déclin fut encore plus rapide. Malgré la création d’un registre généalogique en 1885, il ne restait plus que 1 555 chevaux canadiens en 1912. Et le nombre continuait à décliner : en 1970, il n’en restait plus que 400. Pourtant, pendant des décennies, le Québec l’avait exporté vers les provinces maritimes et les États-Unis où il participait à la création de nouvelles races de chevaux, telles que les Morgan, Standardbred et American Saddlebred.

L’importation de nouvelles races et la mécanisation avaient presque réussi à le décimer, tellement qu’il est maintenant peu connu. Pourtant, dès le début du XXe siècle (1913), le Gouvernement fédéral ouvre une première ferme d’élevage de la race chevaline canadienne à Cap-Rouge, puis une seconde à Saint-Joachim. En 1999, la loi sur les espèces animales patrimoniales votée à l’Assemblée nationale du Québec l’intègre à notre patrimoine, alors que le Gouvernement fédéral le déclare « race nationale du Canada » en 2001. En 2007, afin de rendre hommage à ce symbole fort, le ministère des Transports du Québec modifie ses pictogrammes équestres afin de mettre en valeur le cheval canadien. À Montréal, la police « à cheval » a remis à l’honneur le cheval canadien.

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