Pauline Roy-Rouillard, première femme architecte au Québec

Votre capsule historique hebdomadaire : Pauline Roy-Rouillard, première femme architecte au Québec

Dans la lignée de la thématique du mois sur les femmes à Sillery, la capsule de cette semaine porte sur l’architecte Pauline Roy-Rouillard, première femme à accéder à ce titre professionnel au Québec et figure qui a su laisser sa marque dans Sillery.

Pauline Roy-Rouillard est née à Québec en 1918. Elle fait son primaire à la Balliol School for Girls de Londres.

Figure 1. Pauline Roy-Rouillard, image tirée de la revue Continuité

Elle fréquentera par la suite le Collège Jésus-Marie à partir de 1930, année de son retour à Québec, et elle terminera ses études secondaires au Commissionners’ High School de Québec. Pauline Roy-Rouillard est douée à l’école, en particulier en mathématique, mais elle a aussi un grand intérêt pour les arts visuels et plastique. Ainsi, en même temps que ces études, elle suit des cours du soir à l’École des Beaux-Arts de Québec. Étant donné ces deux passions qui l’habite, sa mère l’encourage à poursuivre aux études supérieures en architecture même si ce domaine est jusqu’à présent presque entièrement masculin. Elle s’inscrit d’abord à l’École des Beaux-Arts de Montréal, mais sa candidature est rejetée par le directeur sous prétexte qu’elle pourrait avoir un « effet néfaste (…) sur les étudiants mâles ». Elle débute donc à l’École des Beaux-Arts de Québec en 1936, puis elle réussi à transférer à celle de Montréal deux ans plus tard. Après six années d’étude, elle obtient son diplôme en 1941. Elle est première de sa classe. En 1942, elle est la première femme à être admise à l’Association des architectes de la province de Québec, l’ancêtre de l’Ordre des architectes du Québec.

Figure 2. Vue de la rue des Hospitalières en 1953, en direction Ouest

Sa carrière débute en 1943 chez Amyot, Bouchard et Rinfret. De 1944 à 1945, elle travaille par la suite pour Anglo Ship Building où elle réalise des dessins et relevés de navires et elle est aussi dessinatrice pour Albert Leclerc, Adrien Dufresne et Gérard Venne. Par ailleurs, elle travaille à temps partiel car elle doit aussi s’occuper de ses enfants en bas âge. Contrairement aux autres femmes de son époque dont la plupart quitte le marcher du travail au moment d’avoir des enfants, Pauline Roy-Rouillard mène ces deux fronts simultanément. De 1949 à 1960, elle travaillera pour Bouchard et Rinfret (anciennement Amyot, Bouchard et Rinfret). C’est durant cette période qu’elle laissera sa marque à Sillery. En effet, sa « condition de femme » ne lui permettait pas de travailler sur les projets majeurs et avant-gardistes. Ce sont donc les projets résidentiels qui lui sont confiés. Cela dit, ces projets lui laissent en réalité une plus grande autonomie : c’est elle qui rencontre les clients, qui récolte leur besoin et qui fait le programme de la résidence. Elle réalise les plans préliminaires, les présente aux clients, recueille leurs commentaires et les intègre aux plans définitifs. Elle est par la suite en charge de la surveillance des travaux et elle coordonne les entrepreneurs afin d’assurer la réalisation tel que prévue. Ainsi, on lui doit le développement du Parc Thornhill, du Parc Lemoine et du Sillery Garden, ainsi que l’aménagement intérieur des résidences du Parc Falaise. Elle œuvre dans le développement de la banlieue de l’époque, dans l’esprit des cités-jardins. Le cas du Parc Falaise est particulièrement parlant puisqu’il a été développé comme un milieu de vie complet et mixte. En effet, on retrouve des maisons deux étages, des maisons type bungalow et des logements en appartement. Le développement est articulé autour d’un parc avec terrain de jeu et on y retrouve un centre de loisir, un centre commercial, une remise pour les automobiles et un accès au fleuve.

Figure 3 Aperçu du dépliant promotionnel de Parc Falaise.

 

Pauline Roy-Rouillard poursuit sa carrière à son compte de 1960 à 1968. Elle sera la première femme nommée au Conseil Canadien de l’Habitation en 1962. Elle poursuivra sa carrière à la Société d’habitation du Québec (SHQ) à titre architecte conseil. Elle veille à l’application du code national du bâtiment et elle supervise les projets d’habitation à loyer modique. Elle prend sa retraite en 1978.

Tout au long de ce parcours, jamais elle n’aura mis de côté son intérêt pour l’art. Elle aura été professeur de dessin, de perspective et d’histoire de l’art à l’École des Beauc-Arts de Québec de 1946 à 1968. De 1963 à 1973, elle suit les ateliers libres du peintre-paysagiste Albert Rousseau. Elle s’exprime d’abord au travers de nature morte et de paysage en peinture, mais elle enchaîne rapidement avec l’abstraction. Elle travaille aussi avec le bronze et l’aluminium en sculpture. Ses œuvres sont exposées à Québec, à Montréal, à New York et Paris. Sans surprise, elle se voit remettre le prix Albert Rousseau en 1991 par Le Moulin des Arts de Saint-Étienne-de-Lauzon pour la qualité exceptionnelle et l’originalité de son oeuvre à titre d’artiste professionnelle. Pauline Roy-Rouillard est décédée le 5 juillet 2010.

Figure 4. Vue aérienne du secteur du Parc Falaise en 1948.

Figure 5. Photo satellite du quartier en 2005.

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Brève bibliographie 

ANGERS, Gilles, « Pauline Roy-Rouillard: celle qui a su oser pour l’architecture », Le Soleil, 31 juillet 2010 (https://www.lesoleil.com/e0760f554ca57ba3b029725c0a7db470)

COUTU, Simon, « Pauline Roy-Rouillard: une force silencieuse », Esquisse, automne 2010, p. 9-10 (https://mediameriquat.com/sites/default/files/documents/Revue-Esquisses-automne-2010-pages9-10.pdf)

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PARADIS, Pierre-Étienne, « Les maisons d’Eugène Chalifour, de la publicité à la réalité », Mediameriquat, 17 mars 2008, https://mediameriquat.com/fr/les-particularites-du-quartier-hier-et-aujourdhui consulté en mars 2022.

PARADIS, Pierre-Étienne, « Aspects techniques: évolution des prix et servitudes », Mediameriquat, 20 mars 2008, https://mediameriquat.com/fr/les-particularites-du-quartier-hier-et-aujourdhui consulté en mars 2022.

ROMPRÉ, Danielle, « Être la première et faire sa place », Continuité, numéro 47, printemps 1990, p. 8-9 (https://www.erudit.org/fr/revues/continuite/1990-n47-continuite1054025/16301ac.pdf).

VILLE DE QUÉBEC, « Roy-Rouillard, Pauline », Répertoire du patrimoine bâti (fiche), https://www.ville.quebec.qc.ca/citoyens/patrimoine/bati/thesaurus.aspx?id=100344&type=4, consulté en mars 2022.