L’histoire du cinéma : Le film « Sauver Notre-Dame »
Votre capsule historique hebdomadaire : Le film Sauver Notre-Dame!
Durant le mois de décembre, les capsules historiques portent sur l’histoire du divertissement. Cette capsule-ci aborde la thématique sous un autre angle, où c’est plutôt l’histoire qui devient le divertissement, soit en vous proposant une revue du film Sauvé Notre-Dame. Comme le dit son titre, le film porte sur la cathédrale de Notre-Dame de Paris et les travaux d’urgence qui se sont déroulés dès le lendemain de l’incendie de celle-ci. On y voit l’équipe multidisciplinaire qui œuvre de tout cœur pour la sauvegarde du bâtiment centenaire et qui persévère au travers des défis que représente le chantier. Le film a été présenté dans la sélection officielle de la catégorie longs-métrages du Festival international de film sur l’art 2021.
La capsule propose d’attirer votre œil et d’expliquer certains éléments du film. On pourra ainsi susciter votre intérêt pour un visionnement ultérieur avec un œil d’expert. Si, au contraire, vous avez déjà eu la chance de le voir, la capsule permettra sûrement d’approfondir certains thèmes particuliers.
La cathédrale et l’incendie
La construction de la cathédrale Notre-Dame de Paris débute en 1163 et s’échelonne sur plus de deux siècles. Elle subit ensuite une importante campagne de restauration dirigée par l’architecte Eugène Viollet-le-Duc au milieu du 19e siècle. Il en résulte une architecture combinant le gothique primitif et rayonnant. L’incendie se déclare dans la charpente du toit en bois le 15 avril 2019 alors que des travaux de restauration de la flèche sont en cours. Il durera 15 heures. La charpente, la flèche et les toitures de la nef et du transept sont détruites. « L’effondrement de la nef provoque aussi l’écroulement de la voûte de la croisée du transept, d’une partie de celle du bras nord et de celle d’une travée de la nef .»[1] Heureusement, l’intervention des services d’urgence a permis de limiter la destruction. Ainsi, les deux tours, la structure globale, la façade orientale et la plupart des œuvres d’art ont été sauvés.
Figure 2 Représentation de la charpente en bois
Le film
Le film nous fait d’abord découvrir les intervenants impliqués dans le chantier de sécurisation de la cathédrale sinistrée. Le principal intervenant est Philippe Villeneuve. Celui-ci est architecte en chef des monuments historiques chargé de la restauration de la cathédrale depuis 2013. Il est accompagné de Rémi Fromont, aussi architecte en chef des monuments historiques et associé pour l’agence Covalence. Ils sont soutenus par plusieurs experts, dont Didier Durand, tailleur de pierre, Didier Cuiset, monteur d’échafaudages, et Marc Viré, historien, archéologue et ingénieur.
Les images suivantes présentent les thèmes abordés dans le film. Dans cette image, on voit l’échafaudage aménagé pour la restauration de la flèche qui est resté en place à la suite de l’incendie. L’une des premières interventions a été de sécuriser cet élément. En effet, il prenait appui en partie sur la toiture qui a disparu. Une partie de l’échafaudage a été carbonisé par l’incendie, rendant impossible de prédire son comportement dans le temps. Sur l’image ci-jointe, on voit un filet sous l’échafaudage. En effet, pour prévenir les chutes de débris sur la structure fragilisée, l’équipe a installé celui-ci sans faire écrouler les échafaudages. On voit sous le filet l’étendue des dégâts. Finalement, en premier plan, l’ouvrier est entièrement protégé. Compte-tenu que la toiture était en plomb, le chantier de sécurisation doit se réaliser dans un contexte contaminé extrêmement dangereux pour la santé humaine. Leur état de santé est monitoré tout au long de leur travail et des rotations d’équipe sont nécessaires pour assurer la sécurité de chacun. On découvre aussi un nouveau métier, soit celui des cordistes. Ce sont les experts qui iront escalader la structure afin d’y positionner les systèmes de détection de vibration et récupérer certains débris.
Toujours dans la thématique du plomb, on voit ci-joint une photo prise au niveau du sol de la nef. Compte-tenu des niveaux de contamination des éléments endommagés par le feu, le nettoyage a entièrement été réalisé à l’aide de robot et de machinerie téléguidée. Ainsi, les technologies les plus récentes étaient de mise pour la réalisation de certaines tâches dangereuses.
Finalement, un autre élément remarquable du film sera la préparation et la mise en œuvre des étaiements qui permettront de sécurité les arcs-boutants. La toiture était composée de 1300 chênes, soit 21 hectares de forêt. Il serait pratiquement impossible aujourd’hui de reconstruire la charpente de manière traditionnelle en bois d’œuvre, car les changements climatiques des dernières années ont affecté la croissance des arbres et une même essence ne comporte plus la même qualité que le bois d’il y a plusieurs centaines d’années. Par contre, l’avenir de la construction en bois réside dans le bois d’ingénierie. Les fermes qui ont été construites montrent avec brio l’avancement de cette technologie et comment elle peut répondre aux besoins contemporains d’un édifice patrimonial.
En espérant avoir piqué votre intérêt. Il s’agit d’un film passionnant d’histoire, d’architecture, d’art, d’archéologie, d’ingénierie et de sculpture que nous recommandons à tous.
Information sur le film :
Pays France
Année 2020 Durée 1h33 Langue français |
Réalisation Quentin Domart, Charlène Gravel
Auteur Quentin Domart, Coralie Miller Production Stéphane MILLIERE, Valérie Ménard-Battisti Montage Charlène Gravel, Michèle Hollander Musique Clément Barbier, Valentin Marinelli |
La réalisation
Quentin Domart est journaliste de formation. Il s’est spécialisé dans la vulgarisation scientifique et il a contribué à la presse écrite française dans de nombreux journaux et magazines. Cela dit, il se dédie aujourd’hui à la réalisation de films documentaires, dont deux ont remporté des prix. « Il filme, et met sa plume au service d’une narration didactique. » C’est entre autres ce qui rend le film accessible au grand public malgré la spécificité d’un chantier de construction d’un ouvrage patrimonial.
Charlène Gravel a d’abord étudié en philosophie avant de s’orienter vers la réalisation et le montage de documentaires. Son travail témoigne de sa sensibilité pour l’humain, où l’auditeur apprend à connaître des personnes mises en scène autant que celles-ci apprennent sur elles-mêmes. « Aujourd’hui, elle oeuvre à montrer une télévision généreuse, accessible, qui relie, mettant en avant la force et la beauté de l’humain. » Cette citation démontre en effet la teinte de la réalisatrice sur le film, où on y découvre des êtres chevronnés et dédiés à la protection de Notre-Dame en vue de sa réhabilitation.
Michèle Hollander, quant à elle, a toujours été dans le monde du cinéma. D’abord en montage de fiction, elle s’est par la suite orientée vers le documentaire. Récipiendaire de nombreux prix elle aussi, ce sont les projets complexes qu’elle aborde dans ses réalisations.
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Bibliographie
« Sauver Notre-Dame », https://lefifa.com/catalogue/sauver-notre-dame, consulté le 7 décembre 2021.
« Sauver Notre-Dame », https://www.imdb.com/title/tt12224314/, consulté le 7 décembre 2021.
« Incendie de Notre-Dame de Paris », https://fr.wikipedia.org/wiki/Incendie_de_Notre-Dame_de_Paris#Travaux_de_restauration_en_cours, consulté le 7 décembre 2021.
« Cathédrale Notre-Dame de Paris », https://fr.wikipedia.org/wiki/Cath%C3%A9drale_Notre-Dame_de_Paris, consulté le 7 décembre 2021.
« La grâce d’une cathédrale », http://www.lagracedunecathedrale.com/index.php?option=com_content&view=article&id=268:marc-vire&catid=43:v&Itemid=54, consulté le 7 décembre 2021.
« Philippe Villeneuve », https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Villeneuve, consulté le 7 décembre 2021.
« Les architectes », Les Architectes en Chef des Monuments Historiques en fonction, https://www.compagnie-acmh.fr/fromont/, consulté le 7 décembre 2021.
DUCROS, Christine « Didier Durand, l’artisan devenu sauveur de Notre- Dame », Le figaro, https://www.lefigaro.fr/culture/didier-durand-l-artisan-devenu-sauveur-de-notre-dame-20190724, consulté le 7 décembre 2021.
BOMMELAER, Claire « Didier Cuiset, artiste de l’éphémère », Le figaro, https://www.lefigaro.fr/culture/didier-cuiset-artiste-de-l-ephemere-20201203, consulté le 7 décembre 2021.
[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Incendie_de_Notre-Dame_de_Paris#Travaux_de_restauration_en_cours