Les personnages de Sillery : la famille Mountain

Votre capsule historique hebdomadaire : La famille Mountain !

Le territoire de Sillery a une valeur particulière pour l’Église anglicane québécoise. Deux personnalités de l’Église d’Angleterre, issues de la même famille, ont fait des séjours à Sillery et ont marqué son histoire. Le premier à s’établir à Sillery est Jacob Mountain, premier évêque anglican de Québec. Le second, son petit-fils Armine Wale Mountain, fut le premier pasteur de l’église St Michael de Sillery.

Jacob Mountain (Bibliothèque et Archives Canada)

L’histoire de la famille Mountain à Sillery débute quelque temps après la création du diocèse anglican de Québec en 1793. Quelques années plus tôt, l’Église d’Angleterre avait créé le premier diocèse anglican du Canada (Nouvelle-Écosse, 1787). Malgré l’insistance des gouverneurs qui voulaient utiliser la création d’un diocèse anglican pour assimiler et convertir les Canadiens catholiques, il avait fallu 30 ans après la Conquête pour qu’un évêque s’installe sur les anciens territoires de la Nouvelle-France. Si les Hauts-Canadiens désiraient que le siège épiscopal soit placé sur leur territoire, c’est plutôt Québec et le Bas-Canada qui eut la préférence de Lord Dorchester. Déjà, depuis deux ans (Acte constitutionnel de 1791) le parlementarisme britannique était instauré dans la colonie et les premières élections (1792) avaient créé une Assemblée législative, le gouverneur avait instauré un Conseil législatif. Désigné par le premier ministre britannique William Pitt, il est sacré évêque de Québec dans la chapelle du château de Lambeth (résidence officielle de l’archevêque de Canterbury à Londres) avant de s’embarquer avec sa famille pour la ville de Québec. En fait, lorsqu’on parle de sa famille, c’est toute un groupe qui s’embarque sur la frégate Ranger pour arriver à Québec le 1er novembre 1793 et s’y installer. En plus de femme et trois enfants, suivent son frère Jehosaphat ainsi que sa femme et ses trois enfants, mais aussi ses deux sœurs célibataires.

L’évêque Mountain, en plus d’être l’évêque d’un immense diocèse qui englobe le Bas et le Haut-Canada, devait restructurer tout son diocèse, tout en siégeant aux Conseils législatifs et aux Conseils exécutifs du Bas-Canada et du Haut-Canada. Tout cela, parce qu’à l’exemple du parlement britannique, l’évêque devait siéger à la Chambre haute (Chambre des Lords). Il était donc Lord-Évêque de Québec. L’été venu, Mgr Mountain quitte Québec pour s’installer à Sillery dans l’ancienne villa de l’évêque catholique : la villa de Samos. Nous avons parlé de cette villa dans une capsule précédente. Pendant toutes les années où il a exercé des fonctions politiques et la dignité épiscopale, il a travaillé, sans réel succès, afin de diminuer l’influence catholique dans la colonie. C’est quand même ironique lorsqu’on sait qu’il passait l’été dans la villa qui avait été construite par le dernier évêque de la Nouvelle-France, villa qu’il louait au Séminaire de Québec. N’empêche qu’il a essayé de bloquer la création de nouvelles paroisses catholiques tout en fondant de nouvelles paroisses anglicanes ; qu’il a appuyé l’interdiction d’accueillir les réfugiés français qui fuyaient la Révolution française ; à pousser le Gouverneur à confisquer les biens des Sulpiciens (comme cela avait été le cas avec les jésuites et les récollets). Il ne faut donc pas s’étonner qu’il fût au sein des Comités gouvernementaux l’allié du parti des bureaucrates, tels que Young, Sewell et Ryland. Cependant, sa grande réussite a été la construction de la cathédrale Holy Trinity. C’est le 16 juin 1825 que le Lord-Évêque décède, puis est inhumé sous le chœur de sa cathédrale.

Bishop Mountain School

Le second de la famille Mountain qui a marqué Sillery est son petit-fils, Armine Wale Mountain. Celui-ci était le fils de George Jehosaphat Mountain, troisième (Lord) évêque de Québec. S’il ne fut pas évêque comme son père et son grand-père, Armine Wale Mountain se consacra quand même à la religion anglicane, devenant prêtre, puis premier pasteur de la chapelle St Michael de Sillery, puis de l’église du même nom. Si on connait peu de choses au sujet du premier pasteur de St Michael, il a laissé sa trace dans le paysage de Sillery. À la demande des paroissiens anglicans de la cathédrale Holy Trinity qui habitaient Sillery, le diocèse anglican de Québec accepte de créer à Sillery une desserte pour l’été. Initialement prévue à l’intérieur du Cimetière Mount Hermon qui venait d’être ouvert, il fallut rapidement changer d’idée. En effet, le cimetière protestant devait être celui de tous les protestants, quelle que soit leur confession puisqu’à Québec, en plus des anglicans, on retrouvait des presbytériens (Écossais), des quakers, des méthodistes, etc. Avec la guerre que le premier évêque Mountain leur a faite (au même titre qu’aux catholiques), ils ne voient pas d’un bon œil la construction d’une église de confession anglicane dans leur cimetière. Il faut donc trouver un nouveau terrain pour construire la desserte. C’est la veuve de Joseph Morrin qui offrira, face au cimetière, le terrain qui permettra la construction dont l’architecte sera Franck Wills. Elle est consacrée comme chapelle en 1856, puis devient église paroissiale en 1859. C’est George Jehosaphat Mountain, troisième Lord-Évêque de Québec qui nomme son fils Armine Wale prêtre desservant, puis pasteur de l’église St Michael. Celui-ci achète un terrain, à l’ouest de l’église afin d’y faire construire son presbytère où il s’installe. En 1864, près de son presbytère, il fait construire une première école afin d’éduquer les jeunes enfants anglicans de sa paroisse. Il la nomme en l’honneur de son père et de son grand-père : Bishop Mountain School. Quant à l’ancien presbytère, il existe toujours, en retrait au nord du chemin Saint-Louis et est identifié sous l’appellation de Old Rectory.

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