Le site archéologique Cartier-Roberval

Votre capsule historique hebdomadaire : Le site archéologique Cartier-Roberval !

Dans le cadre de la série de capsules historiques portant sur les grandes fouilles archéologiques d’ici et d’ailleurs, nous vous présentons aujourd’hui l’histoire du site archéologique Cartier-Roberval. Il s’agit de la première colonie française sur le continent américain, soit près de 70 ans avant la fondation de la ville de Québec en 1608.

Bref historique du site

D’abord occupé par des peuples autochtones, le site situé sur le promontoire du Cap-Rouge (à l’ouest de Québec) est successivement été occupé par Jacques Cartier (vers 1491-1557), par Jean-François de la Roque de Roberval (vers 1495-1560) et  leurs troupes respectives entre 1541 et 1543. Ces deux derniers explorateurs ont été envoyés par le roi de France François 1er qui était principalement motivé  par  les  gains  économiques d’une  telle  conquête. Le site est choisi en raison de son emplacement avantageux sur les falaises surplombant le fleuve Saint-Laurent et par le fait qu’il se situe au confluent du fleuve et de la rivière Cap-Rouge. C’est d’abord Cartier, accompagné d’un équipage de 300 personnes, qui s’y établit en 1541, soit lors de son troisième voyage en Amérique. Il nomme le site Charlesbourg-Royal et y fait construire le fort d’en haut, sur le promontoire, ainsi que le fort d’en bas, dont la localisation exacte demeure inconnue à ce jour. Cartier quitte le site en juin 1542 en raison de conflits avec les Autochtones sur place. 

Quant à lui, Roberval arrive sur le site en juillet 1542 avec près de 200 colons (qu’ils soient des gentilshommes, des roturiers ou encore des prisonniers). Il renomme le site France-Roy et apporte des améliorations aux établissements. Le passage de Roberval est toutefois marqué par des conditions de vie difficiles et d’importants taux de mortalité des colons en raison d’épidémies. En 1543, le déclenchement d’une guerre entre la France et l’Espagne force les colons à retourner en France. Ils abandonnent ainsi le site qui semble ensuite être inoccupé durant près de trois siècles.

 

Représentation possible du fort Charlesbourg-Royal (France-Roy). Détail d’une carte du golfe du Saint-Laurent et de la côte est de l’Amérique du Nord. Atlas de Nicolas Vallard, France, 1547. The Huntington Library, Art Collections, and Botanical Gardens (HM29). Huntington Library, San Marino, É.U. (http://digitalassets.lib.berkeley.edu/ds/huntington/images//000409A.jpg).

 

 

Les fouilles archéologiques : découvertes marquantes

C’est en 2005 que le site est découvert, soit à la mise au jour d’un fragment d’un tesson de majolique italienne datant du XVIe siècle. Des interventions archéologiques supervisées par la Commission de la capitale nationale sont ensuite menées entre 2005 et 2010. Celles-ci permettent de mettre au jour les vestiges de trois bâtiments sur le promontoire, tout comme 6000 objets et fragments qui témoignent des activités des colons sur le site. Par exemple, des pointes de flèches et des fragments de cotte de mailles traduisent l’importance de la fonction militaire sur le site. De plus, des creusets et des fragments de minéraux attestent de l’occupation principale des colons sur le site, c’est-à-dire la recherche de diamants et de métaux précieux. D’autres objets témoignent de la vie quotidienne sur le site : un jeu de billes, des bagues, un ensemble de couture, des contenants divers et une fourchette pliante. Plusieurs autres artefacts représentent des gestes et habitudes de tous les jours. Certains écofacts tels que des pépins de raisin et des noyaux d’olives, importés du pourtour méditerranéen, s’ajoutent aux objets retrouvés. De façon générale, ces objets permettent aux archéologues, aux historiens et aux ethnologues d’avancer que des colons d’une classe sociale aisée habitaient dans le fort d’en haut. De plus, les découvertes effectuées attestent des relations entre les Autochtones et les Européens étant donné que des objets possiblement issus d’échanges – comme des clés en laiton – ont été mis au jour. La valeur exceptionnelle du site tient par ailleurs du fait qu’il est le seul en Amérique du Nord qui date de l’occupation française au XVIe siècle.

Collection d’objets du site archéologique Cartier-Roberval. Petite clé en laiton

© Centre de conservation du Québec 2007

Et aujourd’hui ?

En 2018, le site est classé site patrimonial par le gouvernement du Québec. Les 6000 artefacts et objets provenant du site sont également classés patrimoniaux étant donné leur valeur exceptionnelle. Par la même occasion, le gouvernement confie à la Commission de la capitale nationale (CCNQ) la mise en valeur et la conservation du site. La CCNQ dispose d’un budget de 8,4 M$ pour la réalisation du projet. En 2019 et en 2020, la CCNQ a procédé à la remise en état des opérations archéologiques et à l’enfouissement des vestiges qui étaient protégés par des structures temporaires depuis 2008. À l’automne 2020 et au printemps 2021 s’est déroulée une période d’archéologie préventive. Pendant ces deux périodes, l’élaboration de la mise en valeur par Circum.Architecture (anciennement Bisson | Associés) pour permettre le lancement de l’appel d’offres à l’automne 2020 et la réalisation des travaux de l’hiver 2021 au printemps 2022. Le site devrait être ouvert au public à nouveau durant l’été 2023 : c’est donc une destination que vous aurez  la chance de découvrir!

Esquisse préliminaire par Circum.Architecture

 

Carte de localisation du site Cartier-Roberval à Cap Rouge (Ville de Québec) par Marie-Claude Dionne

 

Brève bibliographie

CIRCUM.ARCHITECTURE, « Site archéologique Cartier-Roberval», consulté le 3 mai 2022, (https://www.circum.archi/fr/site-archeologique-cartier-roberval/)

CCNQ, «Mise en valeur et conservation du site Cartier-Roberval», consulté le 3 mai 2022, (https://www.capitale.gouv.qc.ca/projets-en-cours/mise-en-valeur-et-conservation-du-site-cartier-roberval/)

DIONNE, Marie-Claude, D’échec au succès au site Cartier-Roberval : Regard critique sur les processus de patrimonialisation d’un site historique, Québec, Canada, 2016.

FISET, Richard et Gilles SAMSON. Chantier archéologique Cartier-Roberval, Promontoire du cap Rouge (CeEu-4), Québec, Canada : rapport synthèse des fouilles 2007-2008. Québec, Ministère de la Culture et des Communications/Commission de la capitale nationale du Québec, 2013. 464 p.

RÉPERTOIRE DU PATRIMOINE CULTUREL DU QUÉBEC. Site archéologique Cartier-Roberval. Consulté le 2 mai 2022, https://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=105187&type=bien