La Maison Simons
Votre capsule historique hebdomadaire : l’histoire de la Maison Simons !
Rares sont les résidents de la ville de Québec qui ignorent l’existence de la célèbre boutique la Maison Simons, dont les seules vitrines riches et colorées parviennent à attirer l’attention des passants les plus distraits. Pourtant, peu connaissent réellement l’histoire de cette enseigne québécoise, qui est aussi celle de cinq générations d’entrepreneurs qui sont parvenus à imposer leur commerce pour que celui-ci devienne un incontournable sur le marché de la mode canadienne.
Occupant une place capitale dans l’histoire commerciale de la ville de Québec, la Maison Simons est une entreprise familiale dont les balbutiements remontent à l’année 1840. Trônant depuis ses débuts au cœur du Vieux-Québec, le commerce a été fondé par John Simons (1823-1906), fils aîné de Margaret McNeil et de Peter Simons, originaires d’Écosse. La famille Simons était établie à cette époque à Saint-Dunstan-du-Lac-Beauport (l’actuel Lac Beauport), sur une terre offerte par le gouvernement britannique qui cédait des lots aux militaires anglais démobilisés, situation dans laquelle se trouvait le patriarche de la famille Simons. Du haut de ses 17 ans, John Simons établit d’abord un petit commerce de détail à l’angle des rues Saint-Jean et Sainte-Angèle, à proximité des portes de la ville. Ayant précédemment travaillé comme commis au magasin général Lauries pour subvenir au besoin des siens, Simons se spécialise alors dans la vente de mercerie et de draperies dont une grande partie est importée des îles britanniques : le cuir provient d’Angleterre, les lainages d’Écosse et le lin, d’Irlande. Simons y voyage environ deux fois par année pour dénicher des produits de qualité. Cette attention portée à la satisfaction de sa clientèle le distingue considérablement de ses concurrents.
C’est plus d’une vingtaine d’années plus tard que la boutique déménage à son emplacement
actuel, soit au 20-22, côte de la Fabrique. Conçu en 1868 selon les plans de l’architecte Joseph Ferdinand Peachy, cet édifice en pierre taillée comporte aujourd’hui des ouvertures et de nombreux éléments décoratifs qui rappellent l’esthétique de l’architecture commerciale de la fin du XIXe siècle. À ce moment, John Simons loge aux étages supérieurs du commerce avec sa famille composée de son épouse, Ellen Kelly, une Irlandaise catholique, et de leurs dix enfants. L’entreprise prend alors le nom de Simons & Foulds, combinant le nom de Simons et celui de son associé Archibald Foulds.
En 1893, le fils de John Simons, Archibald, prend fièrement la relève de son père dans la gestion du commerce. S’il s’associe plus tard à Jean Minguy sous la raison sociale Simons and Minguy, l’entreprise devient exclusivement familiale dès 1918. Au décès d’Archibald Simons en 1935, la compagnie est relayée aux soins de son fils Gordon représentant la troisième génération des Simons. C’est sous sa direction que le rayon de confection pour dames s’ajoute aux produits et services offerts en boutique. En 1957, son fils et héritier Donald prend les rênes de la compagnie qu’il fait considérablement fructifier : c’est lui qui procède à l’expansion de la boutique avec le lancement des marques Le 31, pour les hommes, et Twik, destinée aux jeunes femmes entre 16 et 25 ans.
S’adaptant rapidement aux tendances et aux besoins divers d’une société en ébullition, la Maison Simons fonde sa première succursale au nouveau centre commercial Place Sainte-Foy en 1961, et, vingt ans plus tard, à celui des Galeries de la capitale. Ce n’est qu’à compter de 1999, sous l’intendance de Richard et Peter Simons, incarnant la cinquième génération des Simons, que des magasins ouvrent leurs portes à l’extérieur de la région de Québec, et, progressivement, dans les plus grandes villes au Canada. Comportant de nos jours une quinzaine de succursales, la Maison Simons poursuit son élan en se mettant au diapason des goûts en matière de mode, de créativité et de design, mais également en ce qui concerne certaines préoccupations environnementales actuelles. Effectivement, Simons innove en 2018 en aménageant sa succursale des Galeries de la capitale afin qu’elle puisse s’alimenter entièrement en énergies renouvelables, soit par l’utilisation de panneaux solaires et de ressources géothermiques.
Enfin, bien que l’histoire des Simons soit inextricablement liée à celle du Vieux-Québec, c’est à Sillery que la célèbre famille établit sa dernière demeure. Celle-ci repose imperturbablement au cimetière Mount Hermon, lieu historique national canadien et premier cimetière protestant hors des limites du Vieux-Québec fondé au milieu du XIXe siècle.
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Brève bibliographie
GUIMOND, Josée. « Simons : le début d’une tradition », Le Soleil, 3 octobre 2015. https://www.lesoleil.com/archives/simons-le-debut-dune-tradition-73a3aa1adb073b9aa32f411ca23716ec.
RÉPERTOIRE DU PATRIMOINE CULTUREL DU QUÉBEC. « La Maison Simons ». Ministère de la culture et des communications. http://www.patrimoineculturel.gouv.qc.ca. Consulté en novembre 2021.
RÉPERTOIRE DU PATRIMOINE CULTUREL DU QUÉBEC. « 20-22, côte de la Fabrique ». Ministère de la culture et des communications. patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=102483&type=bien. Consulté en novembre 2021.
VILLE DE QUÉBEC. « Toponymie ; John-Simons » https://www.ville.quebec.qc.ca/citoyens/patrimoine/toponymie/fiche.aspx?idFiche=18420. Consulté en novembre 2021.