La maison George-William Usborne

Votre capsule historique hebdomadaire: la maison George-William Usborne!

Il est difficile de juger de l’âge de ce bâtiment, si ce n’est une vague datation le plaçant fermement entre 1700 et 1800, malgré des indices archéologiques d’une occupation remontant au XVIIe siècle. Il s’agissait originellement d’un bâtiment secondaire de la Maison des Jésuites, soit une grange, une forge ou étable, après l’abandon de la mission Saint-Joseph en 1658 et la transformation de la Seigneurie de Sillery en exploitation agricole.

Maison George-William Usborne. Société d’histoire de Sillery, 2021.

Après la Conquête anglaise, les Jésuites se virent interdire le recrutement pour leur ordre par les Anglais qui étaient désireux de récupérer les biens de l’un des plus gros propriétaires fonciers de Nouvelle-France. Mais la disparition des Jésuites de l’anse de Sillery et la prise de contrôle du territoire par les Britanniques ne changeraient pas pour autant l’attitude seigneuriale que l’ordre avait prise envers leur territoire. La terre continue d’être louée à d’autres, comme le marchand John Lynd entre 1797 et 1799. En 1800, à la mort du dernier père de la Seigneurie de Sillery, cette dernière fut saisie par la couronne britannique. Deux ans plus tard, William Hullett devint locataire de la Maison des Jésuites et des bâtiments adjacents, et put louer à son tour la grève de Sillery à la Anthony Atkinson and Co. en 1811. Sa première année d’occupation ne lui coûta que le prix des multiples réparations qu’exigeaient tous les bâtiments qu’il louait, les dommages étant à ce point importants. Il cultiva le terrain, faisait surtout pousser du houblon dans ses champs, la chapelle, maintenant disparue, fut convertie en houblonnière, et ouvrit une brasserie dans la maison George-William-Usborne. Mort en 1815 en Angleterre, il laissa aussi au nouveau locataire une malterie, deux jardins et une étable. 

Bien que le bail ne finît qu’en 1820, George William Usborne (1780-1840) loua tout de suite la seigneurie. Cependant, il ne sembla pas que la maison qui porte son nom ne fut pas réaménagée en tant que résidence à cette époque. Il fallut attendre, pour cela, 1836. Tout nous laisse à penser qu’il est le neveu de Henry Usborne, riche marchand de bois anglais qui ne resta que brièvement à Québec, mais qui fit l’acquisition de l’anse aux Foulons. L’oncle Usborne préféra faire gérer ses affaires commerciales québécoises par Peter Patterson. De son côté, le neveu semblait être derrière le financement de la compagnie d’Atkinson, toujours sur les grèves de Sillery. 

Patterson (1768-1851), marchand de bois anglais dont on peut retrouver la sépulture au cimetière Mount Hermon, dirigeait donc les affaires de Henry Usborne, avec l’aide de James Dyke et Richard Collins, sous la raison sociale de Peter Patterson and Company à partir de 1815. Comme Usborne, il fit fortune dans cette nouvelle exploitation commerciale du sol québécois, commençant par la vente de simples bois équarri, puis, à partir de 1820, de madriers. Trois ans plus tard, il brisa son association et racheta le bail du « Domaine de Sillery » du neveu Usborne en 1822. Il obtient ainsi l’anse qui lui faisait face et peut aussi détruire l’église Saint-Michel pour en faire des quais. Il n’y réside pas, préférant sous-louer l’endroit et loger à Montmorency. Riche, il profite d’un succès en affaires assez constant. Il fut surtout l’ami des frères Pemberton, exploitants des anses silleroises, et leur prêta 5000 livres au plus bas de leur situation financière. Il fit de même avec William Price. À sa mort, son gendre, George Benson Hall, aussi enterré à Mount Hermon, reprit sa compagnie. Cependant, comme Patterson ne le portait pas dans son cœur, il avait légué la plupart de ses biens, dont son entreprise à Montmorency, à sa fille, Mary Jane, faisant d’elle la véritable propriétaire de Hall Mills. 

Pour ce qui est du domaine de Sillery, l’endroit fut occupé en 1824 par John Richardson et un certain McAlpine. Cependant, il sembla que cette occupation ne se fit pas dans les règles de l’art administratif. En effet, ils avaient « sous-sous-loué » la propriété à un certain Henry Vilet Wright sans en avoir informé la commission responsable de l’administration des biens des jésuites. Les commissaires, agacés et ayant cru jusqu’alors que la propriété était louée par Usborne à Richardson et McAlpine, recommandent de passer le bail aux frères Pemberton, marchands de bois installés dans les anses de Sillery, considérés comme plus fiables. Finalement, Wright devient locataire en 1828, par une lettre d’approbation du gouverneur Dalhousie, et sous-loue l’ensemble à la Farlin, Miller and Co. qui, en 1836, affirma avoir transformé l’ancienne brasserie en résidence. Cette même année, un bail incluant des droits sur la grève de Sillery est accordé à James et John Jeffrey, marchands de Québec, qui ne resteront que trois ans sur les neuf que prévoit leur contrat. 

En 1839, Henry Le Mesurier devient locataire du domaine et de l’anse de Sillery, n’achetant cette dernière qu’en 1853. Le désespoir qu’il portait envers le médiocre sens des affaires de son fils le poussa à louer ses biens à un concurrent, Richard Reid Dobell, en 1861, qui installa ses bureaux dans l’ancienne brasserie. En 1896, ce dernier racheta l’ensemble qui resta dans la famille jusqu’en 1924. Cinq ans plus tard, la Maison des Jésuites fut classée monument historique, alors que ce ne fut le cas en 1972 pour la maison George-William-Usborne. 

 

Bibliographie 

Architecture-Bâtiment-Construction. (1959). L’environnement domiciliaire à la périphérie de la ville de Québec. 

 Bergeron, C. (1989). Architecture du XXe siècle au Québec. Montréal : Édition du Méridien, pp. 271. 

 Jobidon, H., Noppen, L., Trépanier, P. (1990). Québec monumental, 1890-1990. Québec : Septentrion. 

Légaré, D. et Labrecque, P. (2008). La Maison des Jésuites de Sillery, Québec, Édition Itinéraires histoire et patrimoine, Histoire de raconter. 

Rompré, D. (1990). « être la première et faire sa place ». Continuité, 47. Répertorié au https://www.erudit.org/fr/revues/continuite/1990-n47-continuite1054025/16301ac.pdf 

Ville de Québec (n.d). Répertoire du patrimoine bâti ; la Maison des Jésuites-de-Sillery. [En ligne], https://www.ville.quebec.qc.ca/citoyens/patrimoine/bati/fiche.aspx?fiche=2233. 

Ville de Québec. (n.d). Répertoire du patrimoine bâti ; 2204 à 2206, chemin du Foulon. https://www.ville.quebec.qc.ca/citoyens/patrimoine/bati/fiche.aspx?fiche=2213.