La Chandeleur

Votre capsule historique hebdomadaire : La Chandeleur !

Hier, le 2 février, les catholiques du monde entier fêtaient la Chandeleur et les Nord-Américains attendaient avec impatience la sortie de la marmotte. Mais en fait, qu’a de particulier cette journée du 2 février ? À la Chandeleur, la neige est à sa hauteur ; à la Chandeleur, l’heure avance de plus d’une heure ; à la Chandeleur, la marmotte qui voit son ombre annonce encore six semaines d’hiver. Cette année, les marmottes canadiennes, sauf celle de Nouvelle-Écosse n’ont pas vu leur ombre, il ne resterait plus que 4 semaines à l’hiver. Regardons rapidement d’où nous viennent ces traditions et ces dictons.

Une tradition millénaire

La fête de la Chandeleur a remplacé les Lupercales, une fête païenne où les Romains célébraient Lupercus (dieu des troupeaux et de la fécondité) et y associaient des chandelles (festa candelarum) ayant un rôle purificateur. Le christianisme associa la Présentation de Jésus au Temple [de Jérusalem] aux Lupercales, cette présentation symbolisant « Jésus, lumière du monde ». Chez les Celtes, le 1 er février correspond aussi à une fête importante, celle d’Imbolc, associée à la déesse Brigit. Là aussi, cette fête en était une de purification et de fertilité.

À partir du XIVe siècle, la Chandeleur devient pour les chrétiens la fête de la Purification de la Vierge (fête des relevailles). On y retrouve les symbolismes déjà présents à l’Antiquité : la lumière, la fertilité, la purification. Les torches des églises sont alors remplacées par des cierges qui ont été bénis, puis rapportés par les croyants afin que leur lueur éloigne les forces du mal. Jésus n’est-il pas Lumière comme en font foi les vitraux des cathédrales et églises ?

Des crêpes pour nous faire oublier l’hiver

Une autre tradition liée à la Chandeleur est celle de manger des crêpes à cette occasion. Pourquoi des crêpes ? Simplement parce que leur forme et leur
couleur rappellent le disque solaire qui devient de plus en plus fort afin de nous sortir de l’hiver. Elles symbolisent chez les Celtes (Bretons) le retour du soleil après la nuit de l’hiver. Puisque c’était à cette époque que les labours d’hiver commençaient (à la Chandeleur, à ta charrue, laboureur !). On semait alors le blé d’hiver et utilisait les restants de farine afin de confectionner ce qui deviendra un symbole de prospérité.

Mais qu’en est-il de la hauteur de la neige à la Chandeleur ? En fait, et c’est particulièrement significatif cette année puisque la journée s’est terminée par une tempête, la hauteur de la neige accumulée ne devrait pas augmenter. Loin de là l’idée qu’il n’y ait plus de tempêtes puisque mars est souvent un mois de tempêtes. Cependant, la neige accumulée se tassera et fondra sous l’action du soleil. Et si l’heure avance à plus d’une heure, c’est qu’à partir de cette date, le jour allonge alors que le soleil se lève plus tôt et se couche plus tard.

Et en Amérique du Nord ?

Quant à la marmotte, c’est une tradition nord-américaine associée à la Chandeleur. En fait, chez de nombreux peuples européens, la fête de la Chandeleur est associée à un animal : l’ours dans les Pyrénées, le loup dans le Limousin, le hérisson en Irlande. Pour chacun de ces animaux, la réaction de l’animal à sa sortie au lever du jour est un indicateur de ce qu’il reste comme temps à l’hiver : en sortant, l’animal scrute le ciel. S’il est dégagé, il retourne hiberner dans son antre pour quarante jours. Il ne serait donc pas surprenant que la colonisation européenne ait amené avec elle de telles traditions. Selon plusieurs études, ce serait des colons allemands installés en Pennsylvanie qui auraient transposé la tradition en Amérique. Ainsi, si la marmotte sort et voit son ombre (donc que le ciel est dégagé), elle prend peur et retourne dans son trou pour soixante jours. Si au contraire elle ne voit pas son ombre, elle retourne un peu plus tard dans sa tanière et y dort pour quarante jours.

Depuis le XIX e siècle, la tradition s’est transposée à plusieurs régions. Ainsi, la Pennsylvanie à sa dynastie de Phil, l’Ontario (Wiarton) a son Willie, et le Québec (Val d’Espoir en Gaspésie depuis 2010) a son Fred pour nous informer de ce que n’importe quel humain sortant de sa caverne pourrait annoncer : sous un soleil de tempête, impossible d’avoir une ombre.

Recette traditionnelle de crêpes pour la Chandeleur

(tiré de Jehane Benoit, « La crêpe française » L’encyclopédie de la cuisine canadienne, Montréal, Les Messageries du Saint-Laurent, 1963. P. 743) :

1 tasse de farine tout-usage ¼ c. à thé de sel
1 c. à soupe de sucre 2 gros œufs ou 3 petits
1 ½ tasse de lait 1 c. à thé de cognac ou d’essence de vanille
1 c. à soupe de beurre fondu

1. Tamiser la farine avec le sel et le sucre. Mettre dans un bol, faire un creux au milieu et y casser un œuf. À l’aide d’une cuillère de bois, délayer l’œuf en y amenant peu à peu la farine, puis continuer ainsi jusqu’à l’utilisation complète des œufs. Ajouter alors le lait petit à petit et continuer à battre avec un fouet métallique ou un batteur à main jusqu’à l’obtention d’une pâte lisse et coulante. Ajouter le cognac ou l’essence de vanille et laisser reposer pendant 1 heure, à la température de la pièce.

2. Pour faire cuire les crêpes, faire chauffer le poêlon, le badigeonner de graisse et verser dedans juste ce qu’il faut de pâte pour couvrir le fond du poêlon, en le penchant et en le tournant dans tous les sens pour y étaler la crêpe également. Lorsque le fond a légèrement pris couleur, retourner la crêpe en en soulevant un coin avec un couteau et en la prenant avec le bout des doigts. La laisser colorer de l’autre côté. Lorsque la crêpe est cuite, la glisser sur une assiette chaude et tenir bien au chaud, jusqu’à ce qu’elles soient toutes cuites.
3. Garnir les crêpes au goût ou simplement les plier en quatre et les servir avec du beurre et du sirop.
Bon appétit !
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