Une fleur qui accompagne l’histoire : la tulipe

Votre capsule historique hebdomadaire : la tulipe !

L’une des fleurs emblématiques du printemps est sans contredit la tulipe. Si elle commence à pousser alors que les perce-neiges, les crocus et les scilles terminent leur floraison, la tulipe est le signe que le printemps est vraiment arrivé, que la fraîcheur qui se sent encore n’est plus là pour longtemps.

Originaire d’Eurasie, principalement des steppes de l’Europe centrale, la tulipe est de ces fleurs qui ont été l’objet des plus grandes recherches d’hybridation. Il y a autour de cette fleur une aura de mystère qui se renouvelle de siècle en siècle. Même si des espèces sauvages semblaient exister jusqu’en France, la tulipe que nous connaissons est originaire de l’actuelle Turquie où sa beauté et sa délicatesse faisaient d’elle une plante très recherchée. Ses bulbes étaient un des cadeaux qui étaient donnés lors des grandes occasions. Il n’était pas rare, avant le XVIe siècle, que ses bulbes soient offerts en guise d’appréciation envers les marchands occidentaux. Mais c’est à un médecin flamand que la tradition la paternité des premières cultures de cette plante qui deviendra un des grands symboles des Pays-Bas.

Champ de tulipes aux Pays-Bas

À partir de cette date, la tulipe devient l’objet des plus grandes spéculations, devenant même le symbole des bulles spéculatives. En effet, au XVIIe siècle son appréciation est telle que le prix d’un seul bulbe pouvait atteindre le salaire annuel de 15 paysans. Sa valeur est telle que certains financiers vont aller jusqu’à se ruiner afin d’en obtenir quelques spécimens. On se met alors à spéculer, à hybrider les différentes souches disponibles. Le but ultime, créer la fameuse tulipe qui n’existe toujours pas : la tulipe noire. C’est justement l’objet d’un célèbre roman d’Alexandre Dumas, La tulipe noire. Ce roman nous plonge dans l’histoire d’un des plus célèbres marchés aux tulipes des Pays-Bas, celui de Haarlem, là où (et c’est une faction) est lancé le concours à qui créera une véritable tulipe noire.

Mais la tulipe a aussi son histoire au Nouveau Monde, une histoire qui est beaucoup plus récente puisqu’elle se déroule lors de la Deuxième Guerre mondiale. Lorsque les troupes allemandes envahissent les Pays-Bas le 10 mai 1940, la reine Wilhelmine des Pays-Bas se réfugie à Londres, envoyant sa fille, la future reine Juliana et sa famille au Canada. C’est à Ottawa que la famille royale néerlandaise se réfugia. C’est à Ottawa, dans une aile de l’hôpital dont une chambre est transformée en territoire néerlandais (pour qu’elle naisse aux Pays-Bas) qu’est née la princesse Margaret, la troisième fille de la future reine Juliana. Pendant ce temps, à Sillery, les sœurs de Sainte-Jeanne d’Arc, propriétaires de la villa Saint-Joseph (Spencer Grange sur l’avenue James-Lemoine) hébergent une autre tête couronnée, l’ex-impératrice d’Autriche Zita de Bourbon-Parme.

La reine Juliana des Pays-Bas et sa famille. Margriet est celle à droite derrière son père.

En remerciement de l’accueil que le Canada a offert à sa famille royale et de sa participation à la libération du pays en 1944, les Pays-Bas ont ensuite offert à la ville d’Ottawa près de 10 000 bulbes qui sont à l’origine du festival des tulipes d’Ottawa. Depuis, la tradition se continue puisque bon an, mal an, les producteurs néerlandais y envoient près de 25 000 nouveaux bulbes. Devenue le symbole de l’amitié entre le Canada et les Pays-Bas, elle se met à couvrir les parterres des villes et des particuliers. Fleur emblème, elle est aussi utilisée par les anciens combattants lors de leur campagne annuelle.

Une variété « Québec » est même créée et deviendra l’une des fleurs qui seront utilisées pour souligner le 400e anniversaire de la ville de Québec. La tulipe « Québec » est une variété aux fleurs multiples (plus d’une fleur par tige) au cœur jaune dont le centre du pétale est orné d’une grande flamme rouge. Tout comme les pétales, ses stigmates sont jaunes, alors que les anthères sont pourpres.

La tulipe « Québec »

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