Les communautés religieuses de Sillery : les religieuses de Jésus-Marie

Votre capsule historique hebdomadaire : les religieuses de Jésus-Marie !

Notre deuxième capsule de la série portant sur les communautés religieuses qui ont habité à Sillery porte sur les Religieuses de Jésus-Marie. Cette communauté religieuse importante est la première arrivée sur les terres des grands domaines de Sillery au XIXe siècle.

La terre où se trouve le Collège Jésus-Marie est une portion de la seigneurie de Sillery qui appartenait aux frères Pemberton qui avaient en 1840 leur chantier de bois dans la partie ouest de l’anse Saint-Michel. Le domaine, alors appelé Woodside comporte alors une villa du même nom. La villa tient son nom du fait qu’elle est au centre d’une très belle forêt de chênes et de pins. Lorsque le notaire Lindsay acquiert le domaine en 1846, celle-ci a été agrémentée d’une prairie, d’un jardin et d’un verger. C’est ce domaine qui est acheté en 1869 pour y faire construire le Couvent de Jésus-Marie.

La communauté des religieuses de Jésus-Marie a été fondée à Lyon par Claudine Thévenet en 1818 afin de venir en aide aux orphelines et des victimes de la Révolution française. C’est en 1855, à la demande de l’archevêque de Québec, Mgr Bégin que les 8 premières religieuses françaises de la congrégation s’installent dans la paroisse Saint-Joseph-de-la-Pointe-de-Lévy. Elles y établissent un premier couvent pour l’éducation des jeunes filles. C’est de cette « maison-mère » que partiront de nouvelles religieuses afin d’établir sur le terrain acheté à Sillery, un couvent pour les jeunes filles de Québec. La propriété reçoit rapidement son nouveau nom, simple traduction du nom anglais : Sous-les-Bois. Le 21 juillet 1869, les travaux de construction du couvent sont entrepris. Les plans sont dessinés par leur aumônier, l’abbé Audet, l’architecte Ferdinand Peachy surveille les travaux. Le pensionnat peut ainsi ouvrir le 1er septembre 1870, alors que la maison provinciale et le noviciat sont transférés de Lauzon (Saint-Joseph-de-la-Pointe-de-Lévy) à Sillery. Dès al première année, le pensionnat accueille 78 pensionnaires.

Le Collège Jésus-Marie en 1870 (Coll. Société d’histoire de Sillery)

Alors que la bourgeoisie catholique établie de Québec envoie ses filles au Couvent des Ursulines de Québec, très rapidement, le nouveau couvent de Sillery devient l’endroit où la nouvelle bourgeoisie de Québec envoie ses filles. Les religieuses y enseignent les matières de base, mais aussi les matières nécessaires « pour en faire de bonnes épouses » : la couture, la gestion d’une maison, la musique. Les loisirs des pensionnaires sont aussi utilisés afin de parfaire leur éducation sportive : croquet et tennis s’ajoutent à la promenade en canot sur un étang artificiel et la promenade à dos d’âne. L’importance du Collège Jésus-Marie est telle que rapidement, le terme « Sillery » est utilisé par les pensionnaires et les anciennes pour désigner le collège. Pour plusieurs, Sillery ne désigne rien d’autre que le collège. Pour la communauté des Religieuses de Jésus-Marie, le but ultime est d’aller chercher la permission de donner le cours classique aux jeunes filles qui fréquentent le collège. Modernes et « féministes », elles cherchent à donner l’accès à l’éducation supérieure, à l’université aux jeunes filles de Québec. Elles obtiennent le permis en 1925, alors que le grec et le latin sont remplacés par l’italien et l’espagnol.

Leur mission éducative, elles vont ensuite prendre en charge l’éducation des jeunes enfants dans les écoles de Sillery. C’est ainsi qu’elles vont s’installer, à la fin des années 1940 dans un petit édifice (maintenant Centre musical Unisson, sur la rue Dina-Bélanger) près de l’école Saint-Charles-Garnier (maintenant Centre communautaire Noël-Brulart) où elles enseignent.

Le vendredi 13 mai 1983, en soirée, tout va basculer pour le Collège Jésus-Marie. En soirée, un feu qui couvait probablement sur le toit du collège embrase l’ensemble de l’édifice. Les planchers de bois, astiqués à la cire propagent rapidement l’incendie. Malgré la présence rapide des pompiers de Sillery, qui sont aidés de leurs collègues de Sainte-Foy, l’incendie devient rapidement impossible à maîtriser. Toutes les parties de l’édifice ancien sont touchées : la salle de spectacle, la bibliothèque, les classes et la salle de musique sont envahies par la fumée et par les flammes. Sur place, plusieurs ont pu voir une religieuse, ancienne enseignante de musique, qui regardait le feu qui détruisait l’œuvre de toute sa vie. Lorsque le plancher de la salle de musique s’est mis à s’écrouler, entraînant dans sa chute les pianos, elle pouvait (à ce qu’elle avait raconté), reconnaître chaque piano au son qu’il faisait en tombant. Au matin, l’ancien collège qui avait fait l’orgueil de plusieurs générations de religieuses enseignantes n’était plus que ruine. Seule une statue, située à l’extérieur de l’édifice résiste au feu, petit miracle pendant cette grande perte, tant pour la communauté et pour les élèves que pour le patrimoine sillerois. L’année suivante, une nouvelle construction permet le retour des élèves qui avaient fini leur cours à l’ancienne École secondaire de Sillery (école secondaire Saint-Michel et pavillon Thévenet, maintenant l’école primaire Saint-Michel). En 2012, les religieuses transfèrent la propriété du collège à une corporation laïque. La même année, la partie sud du terrain est vendue afin de construire des édifices résidentiels en copropriété.

Incendie du couvent en mai 1983 (Coll. Société d’histoire de Sillery)

Incendie du couvent en mai 1983 (Coll. Société d’histoire de Sillery)

Incendie du couvent en mai 1983 (Coll. Société d’histoire de Sillery)

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