Une brève histoire du domaine Cataraqui

Votre capsule historique hebdomadaire : une brève histoire du domaine Cataraqui !

L’histoire du domaine Cataraqui s’inscrit dans un contexte socio-économique particulier pour la ville de Québec. La première partie du 19e siècle est notamment marquée par une diversification des activités commerciales ainsi que de la population en général. La ville de Québec profite alors du blocus continental imposé en 1806 par Napoléon Bonaparte. De fait, de 1804 à 1809, l’exportation du bois de l’Amérique du Nord britannique est en croissance constante. Québec devient alors une ville portuaire majeure et internationale. Nombreux sont les marchands et commerçants qui profitent de cet essor économique pour venir s’installer sur le territoire vers 1820 et 1830. Les principaux chantiers se retrouvent à proximité du chemin du Foulon à Sillery. C’est pour cette raison qu’à peu près 2000 ouvriers et leur famille s’y installent pour travailler dans l’industrie du bois. 

L’histoire traditionnelle de Cataraqui commence vers 1831 lorsque le marchand James Bell Forsyth achète une terre aux jésuites de Sillery afin d’y faire construire une petite maison en bois qu’il surnomme « Cataraqui Cottage ». En fait, il nomme le domaine « Cataraqui » en l’honneur de sa ville natale, Kingston, anciennement appelée Katarokwen par les Iroquois. Au décès de son épouse et en raison de problèmes financiers, Forsyth vend la propriété à Alexander Davidson Bell qui lui le revend directement à Henry Burstall. C’est à ce dernier que l’on doit la construction du corps central de la villa. Afin de mener à terme ce projet, Burstall fait affaire avec Edward Staveley, architecte réputé, afin de dessiner et construire une propriété de deux étages. Avec ses cinq fenêtres et ses cinq portes sur la façade avant, la villa s’inspire directement du style néo-classique.  

Cataraqui vers 1862
Provenance : Fonds Rhodes/Tudor-Hart, Département des livres rares et collections spéciales, Bibliothèques de l’Université McGill, Montréal, Canada.

En 1860, Cataraqui devient une résidence vice-royale lorsqu’un incendie détruit la résidence d’été du gouverneur général du Canada-Uni situé à Spencer Wood (maintenant Bois-de-Coulonge). Le gouverneur de l’époque, Sir Edmund Walker Head, décide alors d’emménager à Cataraqui. Lors de sa résidence, il reçoit notamment le prince de Galles, le futur roi Edward VII, et son frère Albert. Le successeur du gouverneur Head, Sir Charles Stanley Monck refait construire Spencer Wood en 1862 et s’y installe dès 1863 lorsque les travaux se terminent. 

Les serres de Cataraqui vers 1890
Provenance : Collection de Mme Pauline Levey

Après une mise aux enchères, Charles Eleazar Levey devient le nouveau propriétaire du domaine. À son arrivée à Cataraqui, Levey engage le jardinier réputé, Peter Lowe. Grâce à lui, une serre à l’ouest, un jardin d’hiver, une serre horticole et une autre viticole sont construits sur la propriété. Au décès de Jemima Levey, la veuve de Charles Eleazar, leur fils hérite du domaine, mais le vend à la famille Rhodes en 1905.  

Les Rhodes sont propriétaires du domaine Benmore depuis 1848 lorsqu’ils achètent Cataraqui en 1905. Godfrey William, fils du colonel William Rhodes, un gentleman-farmer, achète le Domaine Cataraqui pour la somme de 7500 $. Toutefois, il n’y vit que quelques années avant de le louer à l’entrepreneur James T. Davis afin de retourner vivre en Angleterre. La famille Rhodes reprend possession du domaine en 1915. À travers ces années, Godfrey et sa femme Lily adoptent une petite fille née en 1888 qu’ils nomment Catherine Rhodes. Celle-ci hérite du Domaine lorsque sa mère décède en 1939. Elle y emménage officiellement avec son mari, le peintre montréalais, Percyval Tudor-Hart. Tout au long de leur occupation, le couple Rhodes-Tudor-Hart participe à la culture artistique, horticole et architecturale du domaine. Catherine Rhodes est la dernière propriétaire occupante de Cataraqui. Elle décède en avril 1972.  

Le Domaine Cataraqui vers 1976
Provenance : Société d’histoire de Sillery

À la mort de Catherine Rhodes, ses héritiers tentent de vendre la propriété au gouvernement du Québec. Toutefois, cette offre est refusée en raison du prix demandé. Quelques années plus tard, en 1975, Québec décide d’acheter le domaine devant la menace de promoteurs immobiliers. Depuis, le domaine a eu plusieurs fonctions. Il a notamment servi de centre d’exposition, de centre d’interprétation, de salle protocolaire pour les fonctions d’État, etc. Le domaine devient une maison officielle du gouvernement du Québec en 1996. 

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Bibliographie

CHASSÉ, Béatrice. « Domaine Cataraqui ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome I. Québec, Les Publications du Québec, 1990, p. 226-227.

CHASSÉ, Béatrice. La villa Cataraqui à Sillery. Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1982. 32 p.

GOUDREAU, Yves. « Le sauvetage du domaine Cataraqui ». La Charcotte, 8, 2 (1994).

LORD, Jules. Domaine et villa Cataraqui : étude historique et chronologique. Québec, Villa Bagatelle, 1989, 23 p.

MASSON, François. « La restauration du domaine Cataraqui ». La Charcotte, 3, 1 (1988). 

POULIN, Étienne. « À propos de Cataraqui, résidence du gouverneur général du Canada 1860 — 1863 ». La Charcotte, 2,1 (1987).

RÉMILLARD, Claire. « À la rencontre de Percyval Tudor-Hart ». La Charcotte 9,1 (1995).

SMITH, Frédéric. Cataraqui : Histoire d’une villa anglaise à Sillery. Québec, Les publications du Québec, 2001, p.131

VALLÉE, Jean-Louis. « Le domaine Cataraqui ». La Charcotte, 1, 3 (1986).