Jean Paul Lemieux

 Votre capsule historique hebdomadaire : Jean Paul Lemieux !

Né à Québec en 1904, Jean Paul Lemieux compte parmi les artistes québécois les plus importants du XXe siècle. Ses peintures parfois considérées comme étant mystérieuses et austères ont fait l’objet de maintes expositions muséales, à la fois au Québec et au Canada, mais également à l’international. Cette capsule historique, s’inscrivant dans la thématique de l’héritage des artistes d’ici et d’ailleurs, est consacrée à l’œuvre et au parcours de ce grand peintre

C’est à l’âge de 10 ans, alors que sa famille séjourne à Kent House (aujourd’hui le Manoir Montmorency, Québec), que le jeune Lemieux découvre l’univers pictural pour la première fois. Après avoir côtoyé un peintre américain séjournant sur place, il réalise quelques croquis ainsi que sa première aquarelle. Quelques années plus tard, Lemieux reçoit des leçons artistiques privées auprès du peintre Marc-Aurèle de Foy Suzor-Côté, artiste formé en Europe et fortement influencé par les courants impressionnistes. À ce moment, Suzor-Côté partage un atelier avec Alfred Laliberté, considéré plus tard comme une figure majeure de l’histoire de la sculpture au Québec. Dès 1926, Lemieux entreprend des études à l’École des beaux-arts de Montréal, lesquelles qui seront suivies par un voyage à Paris où il parfait ses compétences en dessin. Il côtoie, durant ses études, des personnalités qui exerceront une influence notable sur son œuvre : Edwin Holgate, peintre membre du Groupe des Sept, ainsi que Paul-Émile Borduas, futur signataire du Refus global considéré comme l’un des pères de l’abstraction au Canada. En 1937, après avoir enseigné à l’École du meuble, institution consacrée à la valorisation de l’artisanat québécois, Lemieux devient professeur à l’École des beaux-arts de Québec. Il occupe ce poste jusqu’en 1965. Hautement cultivé, il exerce également le métier de critique d’art et se fait notamment connaître pour ses prises de position sur l’art abstrait ainsi que sur le régionalisme américain, mouvements naissants à ce moment.

Dans les années 1940, Lemieux peint sa célèbre toile La Fête-Dieu à Québec aujourd’hui exposée au Musée national des beaux-arts du Québec. Empruntant des codes esthétiques de l’art primitif italien et de l’art populaire québécois, cette œuvre représente un moment caractéristique de la vie des Canadiens français à cette époque : la procession de la Fête-Dieu soulignant la fin des célébrations de Pâques. Bien que la production de Lemieux évolue parallèlement aux mouvements d’abstraction portés entre autres par Borduas, l’artiste s’est toujours fermement opposé à être catégorisé comme étant un peintre d’avant-garde.

Jean Paul Lemieux. La Fête-Dieu à Québec, 1944, Huile sur toile. Coll. MNBAQ.

Dans les années 1950 et 1960, l’œuvre de Lemieux est caractérisée par un traitement sobre, épuré et géométrique des sujets. La réduction des couleurs et des éléments descriptifs de ses paysages octroie une valeur méditative à ses tableaux. Puisant son inspiration des peintres russes et du peintre norvégien Edvard Munch, Lemieux souhaite notamment représenter l’austérité et la dureté de l’hiver au Québec, qu’il abhorre. C’est durant cette période que Lemieux connaît un vif succès au Canada et à l’international, étant exposé à Vancouver, à Toronto, à Montréal et à Québec, mais également à la Biennale de Sao Paulo, à l’Exposition internationale de Bruxelles, au Museum of Modern Art de New York, et à la Tate Gallery de Londres.

Jean Paul Lemieux, Le Rapide, 1968. Huile sur toile. Coll. MNBAQ, don de la succession Gabrielle Bertrand

Les années 1970 sont marquées par une production plus expressionniste de Lemieux, dans laquelle transparaissent ses sombres préoccupations par rapport à la menace de la guerre et des catastrophes nucléaires. Ces œuvres rejoignent les thématiques précédemment explorées, notamment la quête de sens, la mémoire, la nostalgie, l’angoisse, la peur ainsi que le rêve. Lemieux décède à Québec en 1990 après avoir habité plusieurs années dans sa maison sise à Sillery. L’artiste reçut de nombreuses distinctions au fil de sa carrière : en plus d’être élu membre de l’Académie royale des arts du Canada et institué compagnon de l’Ordre du Canada, il se vit offrir des diplômes honorifiques de l’Université Laval, Bishop’s, l’Université de Montréal et Concordia.

Souvent dépeint comme un artiste de l’espace et de la solitude, Lemieux est en somme reconnu pour avoir su représenter « l’état d’âme » des Québécois, et ce, à travers une signature visuelle unique et cohérente. Ce n’est que deux ans après sa mort que le Musée national des beaux-arts du Québec lui consacre une première rétrospective complète, le hissant ainsi rapidement au rang de monument du patrimoine artistique québécois.

Brève bibliographie

Delagrave, M. (1993). Jean Paul Lemieux : peintre de la dissidence. Vie des arts, 38 (151), 24–29.

Grandbois M., Lemieux, J.-P. et Musée du Québec. (2001). Jean Paul Lemieux au Musée du Québec. Québec : Le Musée.

Lacroix, L. (2016). Jean Paul Lemieux. Dans l’Encyclopédie Canadienne, [En ligne], repéré à : https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/jean-paul-lemieux

Musée des beaux-arts du Canada. Jean Paul Lemieux. [En ligne], repéré à : https://www.beaux-arts.ca/collection/artiste/jean-paul-lemieux

Musée national des beaux-arts du Québec. Lemieux, Jean Paul ; la Fête-Dieu à Québec. [En ligne], repéré à : https://collections.mnbaq.org/fr/oeuvre/600001489