Les anciennes villas de Sillery : Kirk Ella

Votre capsule historique hebdomadaire : Kirk Ella

Lorsqu’il est question des villas et domaines de Sillery, la première image qui vient à l’idée de plusieurs est généralement de belles demeures qu’on retrouvait dans le site patrimonial de Sillery, au sud du chemin Saint-Louis. Bien sûr, dans une capsule précédente, nous vous avons décrit la villa Highlands qui se trouvait justement au nord du chemin Saint-Louis. Mais elle n’était pas la seule. En fait, plusieurs villas, toutes maintenant disparues, pouvaient auparavant être vues, au nord du chemin Saint-Louis, entre la côte Gilmour et la côte à Gignac. De celles-ci, celle qui attire notre attention cette fois-ci est Kirk Ella.

Pour vous situer, la villa Kirk Ella était située face à Cataraqui, là où se trouve maintenant la résidence Château de Bordeaux. C’est le négociant James Gillespie qui fait construire sur ce terrain une première villa en 1850. En souvenir d’une résidence que sa famille possédait en Écosse, il donne à son nouveau domaine le nom de Kirk Ella. À cause de difficultés financières, il est obligé de le vendre à Edward Burstall, influent financier de Québec. Malheureusement, alors qu’il est en voyage en Europe (en 1879), la villa est victime d’un important incendie qui la rase complètement. Mais aussitôt, une réplique de la villa détruite est bâtie au même emplacement, puis vendue au financier Charles E. Levey. De nouveau, le domaine et sa villa sont liés à Cataraqui tout en face. Finalement, elle est de nouveau vendue, par décret, à l’avocat Robert Campbell.

La villa Kirk Ella après 1875

C’est sous la propriété de Campbell que le domaine prendra une plus grande importance et renommée. Grand philanthrope, il s’adonne à l’agriculture à grande échelle à Kirk Ella, rivalisant et coopérant avec ses voisins qui se trouvent à Benmore et Cataraqui. La villa qu’il habite est un simple cottage revêtu de briques, sans étage. Il comporte, sous un toit à pavillon, une grande véranda. Selon James Lemoine qui l’a décrite en 1860, la villa comporte une très grande et belle serre. Dedans, il fait pousser une cinquantaine de camélias qui fleurissent en hiver. Cependant, en 1875, il donne un contrat à Harry Staveley afin d’agrandir la résidence afin de l’amener au goût du jour, mais aussi de ses ambitions. L’ajout d’un étage lui donne un cachet victorien, accentué par un avant-toit orné de lourdes consoles à volutes, elle est représentative des riches résidences recherchées. Sa nouvelle véranda comporte en façade des colonnes en treillis et de simples colonnes sur les autres côtés. Afin de répondre au goût pittoresque, les jardins sont agrandis et paysagés. Mais en 1879, la villa est de nouveau détruite.

En 1934, les terrains de Kirk Ella sont achetés à la succession de Robert Campbell par les Sœurs de la Sainte-Famille-de-Bordeaux qui viennent de s’installer à Québec. Elles désirent y construire un monastère et un couvent. Les travaux débutent l’année suivante dont l’aile principale forme un T inversé et comporte une chapelle à deux niveaux. Sur les terrains, elles cultivent des légumes et élèvent des bestiaux pour leur propre consommation. En 1962, les besoins de la communauté demandent qu’un agrandissement d’importance soit fait. Elles chargent l’architecte Germain Chabot de créer un nouveau noviciat. Il dessine une aile perpendiculaire à ce qui existe déjà, une partie importante se déployant en éventail sur 3 ailes à l’arrière. L’aile principale est transformée afin d’utiliser le demi-sous-sol, mais aussi pour y installer un grand réfectoire, une cuisine, des espaces d’entreposage, des ateliers de buanderie et de reliure. L’ajout de 1962 amène de plus plusieurs chambres permettant d’accueillir plus de novices et de religieuses.

En 1997, avec la sécularisation des services sociaux et la baisse des vocations, la communauté est obligée de vendre sa propriété maintenant beaucoup trop grande pour la communauté. Elle est alors achetée par le groupe Chartwell qui transforme l’ancien couvent (maintenant Domaine du Château de Bordeaux) et morcelle la propriété afin de construire des appartements pour personnes âgées.

Le couvent des Sœurs de la Sainte-Famille de Bordeaux

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