La Maison des Jésuites de Sillery
Votre capsule historique hebdomadaire : la Maison des Jésuites de Sillery !
La Maison des Jésuites à Sillery est l’un des plus anciens bâtiments encore existants sur le territoire de Sillery, et même de Québec, et ce, selon les fouilles archéologiques qui ont été faites, et les traces que nous trouvons dans les archives. En effet, les premières traces d’habitations européennes sur le territoire de Sillery datent de l’implantation de la réduction de Sillery (ou mission Saint-Joseph) en 1637. À cette date, les jésuites installent un « petit village » plus tard protégé par des fortifications en pieux de bois (1645-1657) afin de protéger la mission des attaques iroquoises. Dans ce « petit village », on retrouve la résidence des jésuites (qui servira plus tard de manoir aux tuteurs des Autochtones), une chapelle, des maisons à l’européenne pour les chefs autochtones, mais aussi des tentes pour les guerriers et leur famille. C’est là que les jésuites accueillent les Autochtones qui acceptent le baptême. À cette époque, la mission est dirigée par le père Énemond Massé (1575-1646).
La mission Saint-Joseph devient en 1651, par édit du roi Louis XIV une seigneurie. Les seigneurs sont « Les Sauvages néophytes » (les Autochtones nouvellement convertis) avec tutelle des Jésuites, du moins jusqu’à ce qu’ils soient capables de l’administrer eux-mêmes, ce que les jésuites leur refuseront. En 1657, un incendie rase la mission Saint-Joseph. Dans l’après-midi du 13 juin, l’incendie de cheminée de la résidence des pères s’étend à toute la résidence, puis à une des maisons à l’européenne et à la chapelle. Elle est alors partiellement abandonnée, le temps de trouver l’argent nécessaire à la reconstruction, ce qui se fera en 1660. L’alcool, une épidémie de petite-vérole (1670) et l’incendie de la maison (1686) découragent les Autochtones d’y habiter, ce qui amène l’abandon de la mission en 1698 et son rattachement à la nouvelle paroisse Notre-Dame-de-Foy. Le supérieur des Jésuites réussit l’année suivante à se faire transférer la propriété de la seigneurie.
C’est lors de la reconstruction de la maison des Jésuites, entre 1703 et 1733, que l’actuel édifice à deux étages est construit. C’est donc aussi probablement à cette époque qu’est installé, sous la maison, un aqueduc de bois, toujours visible, qui alimentait en eau du fleuve, l’édifice qui servait alors au repos des pères. Après la guerre de Sept Ans (guerre de la Conquête), la maison est d’abord louée au chapelain anglican des troupes britanniques d’occupation, John Brooke. C’est dans cette maison que son épouse, l’écrivaine britannique Frances (Moore) Brooke, écrivit son roman épistolaire, The history of Emilie Montague. Cette militante de l’occupation de la Nouvelle-France par les Britanniques pour protéger les colonies de Nouvelle-Angleterre y décrit son expérience à Québec. Elle devient ainsi une bonne source d’informations sur la vie à Québec au milieu du XVIIIe siècle, de la société civile, de la politique et de la religion des gens de Québec.
En 1802 M. Hullett cultive le houblon sur le terrain. À partir de 1805 il loue à la couronne britannique la maison. Il décide de faire du site une vaste exploitation permettant la confection de bière. Il loge dans la maison des Jésuites, fait une brasserie dans la maison juste à côté et se sert de la chapelle comme houblonnière. Selon les diverses informations, tout porte à croire que les activités perdurent jusqu’en 1815 à son décès. Les locataires se succèdent alors jusqu’à l’acquisition du site par le baron du bois Henry LeMesurier. Ce n’est pas le seul baron du bois propriétaire de la maison. Effectivement Richard Reid Dobell loue le chantier et l’ensemble de l’anse incluant la maison dès 1860 et devient propriétaire de l’ensemble en 1896.
À sa mort en 1902, il demande à sa succession de céder le bâtiment pour en faire un musée à la Commission des monuments historiques du Québec. Dès lors, les archives ne nous permettent pas de confirmer que ses dernières volontés ont été respectées. Toutefois, en 1929, le gouvernement du Québec la classe comme immeuble patrimonial. C’est un des deux premiers bâtiments à avoir été classés. En 1948, le capitaine Rolland Gagné achète le bâtiment pour en faire un musée sur l’histoire canadienne. En 1956 la société de Jésus en prend possession et conserve la vocation muséale en dédiant l’ensemble du bâtiment aux Jésuites. Ils vont ajouter la chapelle en bois sur le terrain pour témoigner du passé du site. Il faut attendre 1976 pour que la maison passe au domaine public avec son acquisition par le gouvernement québécois. En 1985 pour d’obscures raisons, la ville de Sillery en devient propriétaire. Depuis 1997, une exposition traitant de l’histoire du terrain est présentée. Depuis 2005, cette maison du patrimoine présente l’exposition Mission en Nouvelle-France. Elle permet de voir des objets issus des quelques fouilles archéologiques qui ont eu lieu sur le site.
Reconstitution en vidéo 3D de son histoire : Découvrir Sillery
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Bibliographie :
P.A. Lamontagne. Histoire de Sillery. Sillery, à compte d’auteur, 1952
Danielle Dion-McKinnon. Sillery au carrefour de l’histoire. Sillery, Boréal, 1987