Lady Anne Mary Perceval

Votre capsule historique hebdomadaire : Lady Anne Mary Perceval !

La Société d’histoire de Sillery aimerait prendre le temps de reconnaître le mois de l’histoire des femmes en vous présentant des capsules dédiées aux femmes qui ont pavé notre histoire. Cette semaine : la botaniste Lady Anne Mary Perceval.

Petite vue de Spencer Wood (vers 1855) par inconnu/
Musée national des beaux-arts du Québec

Au début du 19e siècle, trois femmes férues d’histoire naturelle et de littérature vivent à Sillery. L’une d’elle est Lady Anne Mary Perceval. À cette période, elle est la châtelaine de Spencer Wood, aujourd’hui connu comme le Bois-de-Coulonge. Lady Perceval est une figure importante pour l’histoire de Sillery en raison de l’ampleur de ses découvertes et travaux. De fait, elle aurait découvert pas moins de 150 nouvelles espèces de plantes d’Amérique. Ces découvertes ont énormément beaucoup attiré l’attention au sein du milieu scientifique, notamment celle de William Hooker, grand botaniste anglais du XIXe siècle. De pair avec Lady Harriet Sheppard et Lady Christian Broun, comtesse de Dalhousie, Lady Perceval est considérée comme l’une des pionnières du domaine de la botanique canadienne.

Née Flower, Anne Mary Perceval est la fille du maire de Londres Charles Flower et d’Anne Squire. Elle épouse Michael Henry Perceval et émigre au Canada et plus précisément à Québec vers 1810. Michael Henry Perceval est l’un des membres de la famille du premier ministre anglais Spencer Perceval, membre du conseil exécutif et législatif du Bas-Canada et futur surintendant du port de Québec. Lors de son mariage, Lady Perceval reçoit une dot de 10 000 livres. En 1815, le jeune couple fait l’acquisition de Powell Place qui deviendra Spencer Wood, en mémoire de Spencer Perceval. Ils y demeureront jusqu’en 1828. Au cours de ces années, Anne Mary Perceval est plutôt occupée avec l’éducation de ses dix enfants et n’a que très peu de temps libre. Elle leur enseigne notamment le piano, la harpe et le dessin. Elle parle également anglais, français, italien et latin. Cette dernière langue est d’ailleurs très utile à la connaissance botanique.

À travers les années, Lady Perceval collabore avec le grand William Jackson Hooker. Le botaniste est évidemment très intéressé par les

Portrait d’Ann Mary Perceval (1809) par Mackenzie d’après Thomas Nugent/
The British Museum

spécimens dont Lady Perceval fait la culture. Il souhaite d’ailleurs obtenir le plus grand nombre de spécimens possible afin de pouvoir élaborer une flore des plus exhaustives. Devant cet engouement, Lady Perceval invite ses deux amies, Lady Sheppard et la comtesse de Dalhousie, à participer au projet de récolte. Les dames se promènent alors sur le territoire de Sillery et ses grands domaines pour y récolter de nouvelles cultures. Le territoire de Sillery est alors au centre des découvertes en horticulture et en botanique de l’époque. Vers 1826, Lady Perceval correspond avec les botanistes américains John Torrey et William Darlington. Elle envoie à ce dernier des cultures de ses récoltes. Après le décès de son mari, elle retourne vivre en Angleterre vers 1828. Elle décède en 1876 à l’âge de 86 ans.

Encore aujourd’hui, le Muséum d’histoire naturelle de Paris présente des spécimens de Lady Perceval. L’herbier de l’établissement expose notamment le vératre vert, une espèce illustrée pour la première fois par le missionnaire jésuite Louis Nicolas au XVIIe siècle.

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Bibliographie

ASSELIN, Alain et al. Curieuses histoires de plantes du Canada, 1760-1867. Québec, Septentrion, T3, 2017, 312 p.

HARDY, Suzanne. « Trois grandes dames botanistes à Sillery au XIXe siècle ». La Charcotte, vol 13, nº 1 (1999).

PRINGLE, James S. « Anne Mary Perceval (1790-1876) : An Early Botanical Collector in Lower Canada ». Canadian Horticultural History, vol 1, nº 1 (1985), p. 7–13.

SHTEIR, Ann et Jacques Cayouette. « Collecting with ‘botanical friends’: Four Women in Colonial Quebec and Newfoundland ». Scientia Canadensis, vol 41, nº 1 (2019), p. 1-30.