Calendrier de lâAvent – jour 15 đ
Calendrier de lâAvent, jour 15 : Chansons de NoĂ«l et Christmas Carols đ
Mathilde vous lâa montrĂ© il y a quelques jours, un des plaisirs de la pĂ©riode des FĂȘtes, ce sont les chorales et les chants de NoĂ«l. Vous le savez certainement, mais dans la tradition anglaise, dans les jours qui prĂ©cĂšdent NoĂ«l, les rues de la ville sont parcourues par de petits groupes de chanteurs qui chantent des cantiques de NoĂ«l, des Christmas carols afin dâamasser de lâargent pour les pauvres et pour les Ćuvres de la congrĂ©gation. Certains des chants que lâon entend sont aussi vieux que lâĂ©poque mĂ©diĂ©vale et ont traversĂ© le temps avec peu ou beaucoup de modifications.
Aujourdâhui, nous voudrions vous faire redĂ©couvrir certains de ces chants qui ont marquĂ© la pĂ©riode des FĂȘtes. Certes nous vous invitons Ă les Ă©couter, mais aussi, nous voudrions vous faire connaĂźtre un peu de leur histoire. Ces noĂ«ls comme on les appelait autrefois vous seront offerts dans leur langue dâorigine puisque nous irons les chercher lĂ oĂč ils ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s. Certains vous rappelleront des moments oubliĂ©s, dâautres vous seront peut-ĂȘtre inconnus. Mais tous ont Ă©tĂ© entendus Ă Sillery Ă un moment ou lâautre de son histoire. Quandâ? On ne le sait pas toujours, mais nous vous laissons les imaginer, soit dans une Ă©glise, soit autour de la table au rĂ©veillon.
Green Leaves (What Child Is This?)
Selon la tradition, cette chanson est devenue un chant traditionnel de NoĂ«l aprĂšs avoir Ă©tĂ© une chanson dâamour. En effet, lâhistoire nous apprend quâelle aurait Ă©tĂ© composĂ©e par le roi anglais Henri VIII (1491-1547) afin de sĂ©duire une dame de compagnie de son Ă©pouse. Alors quâil Ă©tait encore mariĂ© avec Catherine dâAragon, Henri VIII tombe amoureux dâune de ses dames de compagnie : Anne Boleyn. Le roi est bon danseur et compositeur de musique et de poĂšmes Ă ses heures. Nous sommes pendant la Renaissance anglaise et cela va de soiâ!
Ă lâorigine, poĂšme musical (la musique que nous connaissons, mais des paroles trĂšs diffĂ©rentes) sâadressait Ă une dame Ă la robe aux manches vertes (green sleeves). Ensuite, lâancienne mĂ©lodie prend le nom de Lady Green Leaves, puis est abrĂ©gĂ©e en Green Leaves. En 1865, le poĂšte et parolier britannique William Chatterton Dix en fait le chant que nous connaissons maintenant sous le nom de What Child Is Thisâ?
Voici une version instrumentale de ce Christmas Carol :
Jesous Ahatonia (Noël huron)
JĂ©sus est nĂ©, proclament les chanteurs de cette mĂ©lodie de NoĂ«l. Lâhistoire veut que les paroles fussent composĂ©es par le pĂšre Jean de BrĂ©beuf, en langue wendat (huron) alors quâil Ă©vangĂ©lisait les Wendats au bord de la baie Georgienne. La musique, quant Ă elle, serait dâorigine française et dĂ©rivĂ©e dâune chanson populaire Une jeune pucelle. Mais câest la lĂ©gendeâ! En rĂ©alitĂ©, nous ne connaissons que peu de choses sur les origines rĂ©elles de cette chanson. Ă partir de la destruction de Sainte-Marie-des-Hurons (1649), la chanson ne semble pas ĂȘtre attestĂ©e. Cependant, un jĂ©suite en poste chez les Hurons de Lorette (lâactuel Wendake) mentionne cette chanson maintenant traditionnelle chez les Hurons-Wendat.
Minuit chrétien
Le Minuit chrĂ©tien est le chant de NoĂ«l par excellence, mĂȘme sâil est somme toute assez rĂ©cent comme composition. Pourtant, rien ne prĂ©sageait que ce chant de NoĂ«l serait considĂ©rĂ© comme tel. La chanson naĂźt en France en 1847 de la plume dâun nĂ©gociateur de vin, Placide Cappeau, Ă la demande du curĂ© de son village. Pas surprenant alors que Claude Debussy lâait traitĂ© de chanson dâivrogneâ! Mais trĂšs probablement, câest la trame musicale dâAdolphe Adam qui a fait son succĂšs.
ArrivĂ©s au Canada en 1858, ce chant de NoĂ«l maintenant considĂ©rĂ© comme un chant de tĂ©nor fut chantĂ© pour la premiĂšre fois au Canada par une femme : Marie-JosĂ©phine Caron (qui Ă©pousera Jean-Thomas Taschereau en 1862), la fille aĂźnĂ©e du Lieutenant-gouverneur RenĂ©-Ădouard Caron. Câest dans lâĂ©glise de Saint-Colomb de Sillery que le 25 dĂ©cembre 1858, Marie-JosĂ©phine Caron chante ce qui sera plus tard lâun des plus cĂ©lĂšbres cantiques de NoĂ«l au Canada. Pourtant, dans les annĂ©es 1920 et 1930, les autoritĂ©s ecclĂ©siastiques du QuĂ©bec (menĂ©es par le cardinal Rodrigue) et françaises veulent interdire ce chant comme Ă©tant profane, paĂŻen et dâivrogne. Il faut dire que lâauteur de sa musique (Adolphe Adam) est juif. Pourtant encore, Ă minuit dans la nuit du 24 au 25 dĂ©cembre, on entend encore dans nos Ă©glises ce chant dont les anciens se souviendront de lâinterprĂ©tation de Richard Verreault, le tĂ©nor originaire de QuĂ©bec :
Twelve Days of Christmas
Lâorigine de ce Christmas Carol remonte trĂšs probablement Ă une Ă©poque oĂč, en Angleterre, le culte catholique Ă©tait interdit. Certains auteurs affirment que le dĂ©compte des jours avant NoĂ«l reprĂ©sente les 12 mois de lâannĂ©e et servait aux enfants catholiques anglais afin de connaĂźtre, sous forme dâune comptine Ă rĂ©capitulation, afin dâapprofondir leur foi. Dans cette comptine somme toute anodine, rien ne semble indiquer des Ă©lĂ©ments de foi, mais il faut dire quâau travers des siĂšcles, les paroles ont pu changer.
Câest Ă la fin du XVIIIe siĂšcle que la chanson est publiĂ©e pour la premiĂšre fois, trĂšs probablement avec de nouvelles paroles plus conformes aux lois britanniques de lâĂ©poque. De plus, on sait, par la tradition, que la mĂ©lodie Ă©tait dĂ©jĂ connue des Scandinaves au XVIe siĂšcle et quâelle proviendrait dâune mĂ©lodie française plus ancienne. Pour ce qui est des paroles, elles furent, Ă partir du 5e jour de NoĂ«l (les 5 anneaux dâor) modifiĂ©es au dĂ©but du XXe siĂšcle. Reste que cette chanson, quâelle soit comptine catholique ou simple chant de NoĂ«l a un air enlevant qui vient chercher enfants et adultes.
Adeste Fideles
Ce cantique de NoĂ«l a une histoire qui est empreinte de lĂ©gende. Selon plusieurs, il aurait Ă©tĂ© composĂ© au XIIIe siĂšcle par saint Bonaventure (franciscain italien nĂ© en 1217), un des grands thĂ©ologiens de lâĂglise catholique. Les paroles, dâabord en latin, ont Ă©tĂ© graduellement traduites au fil des siĂšcles. Mais la version que nous connaissons maintenant a une histoire des plus surprenantes.
Le chant aurait Ă©tĂ© amenĂ© en France par un Britannique, John Francis Wade. Celui-ci fuit lâAngleterre en 1745 Ă cause des persĂ©cutions faites aux catholiques Ă la suite des guerres jacobites visant Ă ramener sur le trĂŽne anglais le prince Charles (Bonnie Prince Charlie) fils de Jacques II Stuart. J.F. Wade se voit obligĂ© de se rĂ©fugier en France, et sâinstalle avec dâautres compatriotes anglais dans la ville de Douai (dĂ©partement du Nord) oĂč il enseigne la musique et y compose des hymnes. Ce serait Ă cet endroit quâil aurait traduit (ou composĂ©) lâhymne maintenant cĂ©lĂšbre.
Noël nouvelet
Ce chant traditionnel de NoĂ«l fait partie de la tradition française depuis la fin du XVe siĂšcle ou du dĂ©but du XVIe. Contrairement Ă de nombreux chants de NoĂ«l qui cĂ©lĂšbrent la nativitĂ© de JĂ©sus, celui-ci nâest pas un chant religieux. Traditionnellement, il se chantait dans les maisons, dans les familles Ă lâapproche des cĂ©lĂ©brations de NoĂ«l. Ă certains endroits, il Ă©tait aussi chantĂ© lors de rassemblements communautaires. Mais jamais lors des cĂ©lĂ©brations liturgiques de NoĂ«l.
Les anges dans nos campagnes
Ce cantique de NoĂ«l semblerait avoir Ă©tĂ© crĂ©Ă© au XVIIIe siĂšcle en France, quoique certaines sources font remonter son origine au XVIe siĂšcle. Certains croient quâil serait originaire de Lorraine, dâautres du Languedoc. Il entre dans les cantiques puisquâil fait partie du rĂ©pertoire religieux et tire son origine du rĂ©cit de la naissance de JĂ©sus, telle que dĂ©crite dans lâĂvangile selon Luc (2, 8-14). Fait particulier, ce cantique de NoĂ«l fait aussi partie de la tradition des anabaptistes mennonites (branche du protestantisme).
O Tannenbaum (Mon beau sapin)
Ce Christmas Carol, dâorigine allemande a Ă©tĂ© crĂ©Ă© par Melchior Franck au dĂ©but du XVIIe siĂšcle. Cependant, Ă partir du texte de Franck (sur une mĂ©lodie qui serait probablement plus ancienne), plusieurs versions et traductions ont traversĂ© le temps pour nous arriver. La version la plus cĂ©lĂšbre en allemand est celle de 1824, crĂ©Ă©e Ă Leipzig (alors en territoire prussien) par Ernst AnschĂŒtz. La version française que nous connaissons est celle de Laurent Delcasso en 1856. Câest aussi, dans sa version anglaise, lâhymne officiel du Maryland.
Stille Nacht, heilige Nacht (Douce nuit, Sainte nuit)
Ce cantique allemand de NoĂ«l est probablement lâun de ceux qui sont le plus rĂ©pandus dans le monde chrĂ©tien. Les paroles sont de Joseph Mohr en 1816. Ce prĂȘtre salzbourgeois (Autriche) fit appel Ă son collĂšgue organiste Franz Xaver Gruber pour la mĂ©lodie afin dâavoir pour NoĂ«l un chant accompagnĂ© par la guitare puisque lâorgue paroissial nâĂ©tait plus en Ă©tat. Il fut jouĂ© pour la premiĂšre fois la nuit du 24 au 25 dĂ©cembre 1818 dans lâĂ©glise Saint-Nicolas dâOberndorf bei Salzburg. Lors de la nuit de NoĂ«l 1914, sur les tranchĂ©es prĂšs de la ville dâYpres (Belgique), des soldats allemands allumĂšrent quelques bougies puis dĂ©butĂšrent la chanson, vite reprise par leurs vis-Ă -vis anglais. Ce fut, pour une journĂ©e, la TrĂȘve de NoĂ«l de la PremiĂšre Guerre mondiale.